La vengeance se distingue de la punition en ce que l'une est une réparation obtenue par un acte de la partie lésée, tandis que l'autre est l'œuvre d'un juge. C'est pourquoi il faut que la réparation soit effectuée à titre de punition, car, dans la vengeance, la passion joue son rôle et le droit se trouve ainsi troublé. De plus, la vengeance n'a pas la forme du droit, mais celle de l'arbitraire, car la partie lésée agit toujours par sentiment ou selon un mobile subjectif. Aussi bien le droit qui prend la forme de la vengeance constitue à son tour une nouvelle offense, n'est sentie que comme conduite individuelle et provoque, inexpiablement[1], à l'infini, de nouvelles vengeances.
Hegel (1770-1831), Propédeutique[2] Philosophique, 1808-1811
[1] Sans que jamais le crime ne puisse être racheté
[2] Éléments de connaissance constituant une préparation nécessaire à l'étude plus approfondie d'une science