Exemple de développement de la 1ère partie du texte d’Hegel dont voici l’extrait :
« Ce qu'on ne doit pas perdre de vue, c'est que le génie, pour être fécond, doit posséder une pensée disciplinée et cultivée, et un exercice plus ou moins long. » Hegel (1770-1831), Esthétique (1821). (Dans cette 1ère partie du texte nous avons repéré 3 termes essentiels à l’explication : « Discipliné » ; « cultivée » ; et « exercice ».)
La discipline suppose un contrôle de soi qui va à l’encontre de l’idée de laisser librement son esprit vagabonder
La culture renvoie ici à l’acquisition de connaissance et ne relève pas du don qui lui est inné.
L’exercice enfin suppose l’apprentissage d’un « savoir faire » qui ne vient qu’en s’exerçant.
Proposition d’explication de cette 1ère partie :
Tout le monde ne peut pas être artiste, encore moins un artiste d’importance. Il faut être prédisposé par la nature. Pourtant même le plus doué des artistes ne peut se contenter de son seul don.
La notion de « génie » est souvent associée à un talent inné. Cette notion renvoie souvent à ce qui ne peut pas s’apprendre. C’est une inspiration qui fournit aux artistes les idées de leurs œuvres. Le « génie » semble inventer ses propres règles sans s’embarrasser de contraintes techniques.
Cette conception « romantique »[1] d’un souffle créateur, ignore la méconnaissance du véritable processus de création. Le public est souvent convié à admirer l’œuvre achevée.
Hegel veut corriger cette représentation du génie « ne doit pas perdre de vue », ce que suppose en réalité le génie « pour être fécond ». Pour Hegel même si le don est nécessaire par l’inspiration celle-ci doit aussi rencontrer « une pensée disciplinée et cultivée ». Cela va à l’opposé de cette idée du génie car ce qui est discipliné, rencontre un contrôle strict (pas de vagabondage et de fantaisies), et ce qui est cultivé doit développer et acquérir des connaissances. La source même des idées est donc acquise et non innée. Quant à la mise en forme des idées de l’artiste, elle suppose aussi un savoir faire comme va le montrer Hegel (on introduit ici la 2ème partie de l’explication).
[1] « Romantique » au sens historique du terme (XIXème siècle). C'est en effet le courant romantique qui a développé cette idée du « génie » créateur libre et sans contraintes.