A vrai dire, cet intérêt commun n’existe pas simplement dans l’imagination, en tant qu’idée générale, mais, en premier lieu, dans la réalité, en tant que mutuelle, dépendance des individus entre lesquels le travail est divisé [.]. Il s’ensuit que toutes les luttes au sein de l’Etat, la lutte entre la démocratie, l’aristocratie et la monarchie, la lutte pour le suffrage, etc., ne sont que les formes illusoires - le général étant toujours la forme illusoire du communautaire - dans lesquelles les luttes des différentes classes entre elles sont menées. [.]. Il s’ensuit en outre que toute classe qui aspire à la domination - même si cette domination à pour condition, comme c’est le cas pour le prolétariat[1], l’abolition de toute l’ancienne forme de la société et de la domination en général - doit d’abord s’emparer du pouvoir politique afin de présenter derechef[2] son intérêt comme l’intérêt général. [.]. Du reste, la lutte pratique de ces intérêts communs, réels ou illusoires, rend nécessaires l’intervention pratique et l’action modératrice de l’illusoire intérêt « général » qui a forme d’Etat.

Marx (1818-1883) et Engels (1820-1895), l’idéologie[3] allemande (1932 ; édition post-mortem)

 

[1] Classe ouvrière

[2] De nouveau

[3] Croyance que le monde réel est le produit du monde idéal