Si tu es en peine à cause d’une chose extérieure, ce n’est pas cette chose qui te trouble, c’est le jugement que tu portes sur elle. Il dépend de toi de le faire disparaître. Si la cause de ton chagrin est dans une de tes dispositions intérieures, qui t’empêche de corriger ta pensée ? Si tu es chagrin de ne pas exécuter une action qui te paraît sensée, pourquoi ne pas l’exécuter, plutôt que de te chagriner ? – Mais il y a un obstacle puissant.- N’aie donc pas de chagrin ; car la cause qui t’arrête ne dépend pas de toi.[…]

Souviens-toi que ta volonté raisonnable devient invincible, lorsque, ramassée sur elle-même, elle se contente d’elle-même, ne faisant rien qu’elle ne veuille, même si sa résistance n’est pas raisonnée.[…]la pensée libérée des passions est une forteresse ; il n’y a rien de plus solide en l’homme ; elle est un refuge où il est imprenable. Celui qui ne l’a pas vu est un ignorant ; mais celui qui l’a vu et ne s’y réfugie pas est un malheureux.

Marc Aurèle (121-180), Pensée VIII, Pensées chez les Stoïciens